Dominique Deblaine Bannzil littéraire
Dominique Deblaine                   Bannzil littéraire

 

Champ d'Arbaud

Nouvelle parue dans la revue

Écriture n°44 Lausanne

1994

 

 

 

(Extrait)

S’il n’y avait que de beaux endroits, de beaux jardins publics, la vie s’écoulerait somme toute sans trop de dommages. Mais voilà, il y a des corps et des cœurs qui nous font mal, car ils parlent pour nous, nous renvoient sans cesse à notre tristesse et à notre solitude, à notre très grande désespérance. Mais, heureusement, devant ces générations de fous, je me dis... l’amour, le désir, les corps, tout ça n’est rien, il n’y a que le retour. Et moi aussi, je sais qu’un jour je reviendrai sur les lieux de mon enfance et je saurai alors qu’ils n’existent que pour qu’on se souvienne de ça, de tout ce qu’on a vécu. Et là je me dirai que tout ça n’était fait que pour que je connaisse un jour l’émotion, les sentiments... le sentiment de la vie qui n’est qu’un rêve. Moi aussi, un jour, je retournerai sur mes pas pour contempler ce que j’aurai fait, ce que l’on aura  fait de moi... et je saurai comment j’ai marché, couru, comment je suis tombé, comment on m’a bousculé et comment on m’a relevé ou achevé. Je sais que je reviendrai sur mon passé, que je remarcherai là où j’ai marché déjà... et là où j’ai mis des pas, je remettrai d’autres pas.

 

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© Dominique Deblaine